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Les articles de Caroline LHOMME

Après avoir travaillé une quinzaine d'années dans l'édition, Caroline LHOMME, une rupture d'anévrisme lui a fait découvrir le monde du handicap.Aujourd'hui, elle profite de cette expérience douloureuse mais finalement très riche pour écrire sur des sujets très variés.

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Hémiplégique, mille sabords !

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Bonne gens,

Je n’ai jamais été aussi agitée que depuis que je suis paralysée… Aussi, quand Céline, la kiné qui fait la vivisection de marche à Garches, m’a parlé des folles aventures proposées par son association, l’A.DA.E., je me suis inscrite illico, et quand, peu de temps après, il m’a été proposé de partir en week-end vers Le Croisic pour y faire de la voile, je me suis inscrite direct, même pas peur... L’aventure devait commencer vendredi 18 juin à la Gare Montparnasse, et après avoir rempli mon dossier d’inscription et envoyé mon chèque à prix d’ami, quelques coups de fil (affolés parfois) des charmantes organisatrices ont fini par boucler toute l’affaire. J’ai rapidement empli un sac de week-end pas trop gros grâce à l’aide précieuse de ma maman et de ma bretonne, et vendredi, je me suis retrouvé à l’accueil handicap de la gare.

Après l’achat de 2/3 journaux, préalable indispensable aux voyages de toutes les attachées (ou ex attachées) de presse, j’ai commencé à attendre notre groupe. On devait être 16, organisateurs compris. J’attendais sagement lorsqu’une jeune femme charmante est arrivée et m’a annoncé qu’elle était Rosalie, mon binôme, c'est-à-dire mon bodyguard, mon second, mon ange gardien et tout ce que je voudrais ou presque. Là-dessus, aidées d’un des fameux schtroumfs d’effia services, nous avons filé vers le train… On a eu le droit à la première classe, privilège inouï offert par la SNCF aux groupes de la Cour des Miracles. Très confortablement assise, j’ai fait connaissance de mes voisins de la place à 4 : Sylvain, un garçon paraplégique réservé, et Lili, une ergothérapeute très sympa (eh oui, ça existe !).Sylvain a tout de suite sorti un jeu de tarot, et, après un bref rappel des règles, nous avons commencé d’effrénées parties, lors desquelles j’ai pas mal perdu, snif. En observant mon environnement, j’ai remarqué derrière moi un superbe loup de mer, barbe de 3 jours, cheveux en bataille et regard bleu acier : Maurice, le kiné du groupe, très sympa aussi. On a eu quelque 3 heures de train rapidement écoulées grâce au tarot, aux pauses wagon bar, et à l’aimable conversation de mes voisins. Sur la fin du trajet, Lili a reçu un coup de fil à la suite duquel elle a crié de joie et promis de payer sa tournée de cidre : elle a eu son permis ! Arrivée au Croisic, but de notre voyage, notre petite troupe est sortie du train dans un beau désordre, et on a sauté (pour ceux qui le pouvaient encore, bien rares vu qu’on était tous plus ou moins paralysés !) dans des minibus et filé vers Pen Bron.

Notre logement était prévu dans le gymnase du centre de rééducation local. Dortoir (j’entends d’ici vos murmures scandalisés) mixte, mais gratuit ! On avait le droit à de confortables matelas, et même, luxe suprême, des sommiers pour certains pistonnés dont je fus, car je suis rapide mine de rien. Le soir, un dîner était prévu dans un restaurant du coin. Après un brin de toilette, on y est partis. Assise entre mon binôme et le superbe loup de mer, j’ai passé une très agréable soirée arrosée du cidre promis par Lili, avant de regagner notre bivouac. La nuit a été bruyante, entre les ronfleurs et moi qui ai pas mal toussé (c’est de saison chez moi, d’ailleurs je vais bientôt changer ma tuyauterie à Lannelongue !), inquiétant beaucoup mon binôme Rosalie. Le lendemain matin, on a pu prendre notre petit dej (en terrasse sous le soleil) de la cantine du centre, avant de filer au port, très excités. On nous a attribué le voilier numéro 27, et Rosalie a sauté de joie : notre capitaine, Daniel, était un des plus sympas. On a filé vers le port et là, il a fallu grimper dans le bateau, non sans quelques acrobaties : difficile d’escalader une échelle en mousse quand on a la moitié des membres qui merdoient. Mais, poussée au fessier par Rosalie et tirée par les bras par Maurice le loup de mer, j’ai fini par arriver sur notre navire. Notre troupe d’apprentis matelots s’est bien comportée, suivant les ordres de Daniel…

On a navigué bien 4 à 5 heures, avec quelques arrêts pour papoter avec les troupes d’autres bateaux. A l’arrivée, on a filé installer notre camping dans le hall de l’office du tourisme. Le confort y était encore plus sommaire que dans le gymnase, mais on n’y est pas resté longtemps, car on s’est couché tard : en effet une belle fête nous attendait à l’arrivée sur une grande prairie : après un terrible concert de cor de chasse pendant l’apéro, on s’est installé sous un grand chapiteau de cirque : brandade de morue, curé nantais (c’est du fromage, vous le saviez ? Pas moi…) puis pomme cuite au chouchen… Les ronfleurs ne s’étant pas noyés, la nuit qui a suivi fut à nouveau un peu bruyante, mais après une journée de navigation, on dort bien, croyez moi ! Le soleil imbécile m’ayant un peu cramé, Rosalie m’a soigneusement crémé et m’a promis l’écran total pour le retour…

Au retour vers Pen Bron, on a essuyé un assez gros grain. Le beau Maurice a veillé personnellement à ce que je ne passe pas par-dessus bord, puis on est arrivé au mouillage près de Pen Bron. On s’est arrêté près d’un autre voilier, le Rémora. Des copains de notre capitaine Daniel, qui en a profité pour partir à l’abordage du vaisseau, et nous y négocier très habilement une tournée de ti punchs contre un demi coulommiers bien puant. Les marins sont décidément des hommes selon mon cœur (surtout Maurice)…On a retrouvé le gymnase, notre premier dortoir. Pour dîner, on s’est commandé des pizzas et du cidre, repas subtilement négocié au téléphone par Sylvain notre businessman Cette dernière nuit au gymnase a été suivie de notre ultime repas en commun, un petit dej, et on a appareillé vers la gare… C’était une belle aventure, j’en ai encore les yeux pleins d’embruns, et les jambes pleines de bleus. On est tous décidés à revenir l’an prochain, mais j’espère bien revoir mes anges gardien Rosalie et Maurice avant, car l’ADAE organise plein de belles aventures. Je leur ai proposé du kite surf au pays basque, on verra bien !

Caroline LHOMME l'aventuriére

 

La Croisière de Pen-Bron Route du Docteur François Moutet - 44 420 LA TURBALLE
Association enregistrée sous le numéro W443005227
07 69 28 10 46 | croisiere@association-penbron.fr

Caroline lhomme

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