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Les articles de Caroline LHOMME

Après avoir travaillé une quinzaine d'années dans l'édition, Caroline LHOMME, une rupture d'anévrisme lui a fait découvrir le monde du handicap.Aujourd'hui, elle profite de cette expérience douloureuse mais finalement très riche pour écrire sur des sujets très variés.

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Interview du docteur Grégory Amouyal sur l’embolisation des fibromes utérins

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L’endométriose et l’adénomyose sont des maladies de l’utérus  dont les douleurs sont très invalidantes à tel point que les femmes qui en souffrent peuvent être mises en invalidité.
Mais des solutions existent, comme l’embolisation utérine. Rencontre avec le dr Grégory Amouyal, spécialiste de cette pratique :

1/ Qu’est-ce que l’embolisation ?

L’embolisation est une Intervention mini invasive pratiquée par les radiologues »
L’embolisation est une intervention pratiquée dans les vaisseaux par les radiologues, à l’aide d’outils d’imagerie médicale installés dans un bloc opératoire, tels que la radiographie et l’échographie.
Le radiologue est l’opérateur, il est plus communément appelé Radiologue Interventionnel.

L’embolisation consiste à occlure par l’intérieur un vaisseau cible, à l’aide d’un cathéter inséré par voie percutanée (à travers la peau) à partir d’un vaisseau périphérique, dans le poignet ou l’aine pour les artères, ou encore le bras pour les veines. Elle a pour but soit de générer une modification dans un organe (nécrose ciblée, ramollissement), soit d’occlure un vaisseau à l’origine de saignements (hémorragie) ou de douleurs chroniques (arthrose ou varices).

Elle se pratique Sous anesthésie locale,car il n’y a pas de résection de tissu »

Sous contrôle radioscopique, le radiologue navigue avec le cathéter dans les vaisseaux à partir du point d’entrée à la peau, pour entrer dans le vaisseau cible et l’occlure. Les agents d’embolisation peuvent être divers, leur choix dépend de l’organe.
L’embolisation est pratiquée depuis plus d’une vingtaine d’années, elle est de plus en plus répandue, notamment dans les organes du bassin, car elle a la particularité de ne pas réséquer de tissu ou d’organe et de ne pas faire d’effraction de leurs structures. Cela limite les séquelles du fonctionnement des organes.
Aussi, du fait qu’il n’y ait pas de nerfs dans les vaisseaux, sa réalisation est indolore, et elle peut être réalisée dans la grande majorité des cas sous anesthésie locale. Un anesthésiste peut, en complément, administrer des médicaments sédatifs et relaxants pour que l’épisode soit plus agréablement vécu.

2/ Quelles pathologies peut-elle traiter ?

L’embolisation traite les fibromes utérins, l’adénomyose,l’adénome de prostate, les veines dilatées, les hémorroïdes… »
La plupart des pathologies traitées par embolisation touchent les organes du bassin : on peut traiter pour la femme les fibromes utérins ou l’adénomyose symptomatiques, occasionnant des saignements chroniques ou des douleurs. Les varices pelviennes, pourvoyeuses de douleurs pelviennes chroniques invalidantes, peuvent être traitées avec succès.
Concernant l’homme, on peut guérir l’adénome (ou hypertrophie bénigne) de prostate, qui occasionne des difficultés à la vidange vésicale, des envies pressantes et fréquentes et de nombreux levers nocturnes. On peut aussi traiter les varicocèles, une dilatation des veines du testicule, occasionnant des douleurs chroniques.

Les hémorroïdes internes chez l’homme ou la femme peuvent également être soulagées par embolisation.
L’embolisation se développe aussi dans l’arthrose du genou ou les douleurs chroniques de l’épaule et du coude, en guise de traitement de la douleur.
Pour ce genre de pathologies, le ou la patiente est reçu(e) en consultation par le radiologue, avant l’intervention, puis en consultation de suivi. Conjointement, une consultation avec le chirurgien spécialiste d’organe est précédemment réalisée.
L’embolisation permet également de traiter les hémorragies aiguës menaçantes. Il peut s’agir d’un saignement non contrôlé spontané ou post-chirurgical.

Dans ce même état d’esprit, on peut emboliser une lésion à risque hémorragique juste avant la chirurgie pour la désengorger de sa vascularisation et limiter les saignements per-opératoires lors de la chirurgie.
Enfin, on peut traiter des tumeurs par embolisation. En coupant leur apport en sang, elle génère une privation en oxygène, ce qui induit une nécrose tumorale.

3/ Dans le cas de l’adénomyose, quelles améliorations constatent les patientes après l’intervention ?

 Ce geste a 75% d’efficacité, 75% des patientes sont satisfaites à long terme. De plus, leur fertilité  n’est pas altérée »
Les résultats des publications scientifiques récentes concernant l’embolisation pour traiter l’adénomyose symptomatique rapportent une efficacité à moyen terme d’environ 70 à 75% sur les symptômes, tels que les saignements chroniques pendant et en dehors des règles ou les douleurs pelviennes chroniques et pendant les règles. Le taux de satisfaction à long terme des patientes est d’environ 75%.

L’adénomyose reste totalement dévascularisée. Elle ne disparaît pas entièrement, mais baisse significativement en volume.

Deux publications récentes de 2020 et 2021 concernant l’embolisation utérine pour traiter les fibromes utérins, dont le principe technique est le même que pour l’embolisation d’adénomyose, rapportent que la fertilité n’est pas altérée après embolisation. Il n’a pas été prouvé qu’elle l’améliore dans ces situations, toutefois, une de ces deux études rapporte que 20% des patientes traitées sont tombées enceintes au décours.

4/ Quel avenir pour cette technique ?

Dans les pathologies suscitées, la plupart des patientes et patients sont candidats à une embolisation.
Le processus conservateur de ces interventions mini invasives permet de maintenir l’intégrité des organes cibles. Ainsi, les séquelles sont rares. Par exemple, pour la femme, l’embolisation de fibromes utérins et d’adénomyose permet la conservation de l’utérus, l’absence d’incision et de cicatrice cutanée ou encore de la paroi de l’utérus, et n’exclut pas la possibilité de grossesses ultérieures.
Pour l’homme atteint d’adénome de prostate invalidante, l’embolisation permet la conservation des fonctions sexuelles (absence d’éjaculation rétrograde, absence de conservation de l’érection) et il n’y a pas de cicatrice
Concernant les hémorroïdes, elle ne nécessite pas d’incision de la muqueuse anale et ne génère pas de douleur post-opératoire.
Pour l’arthrose du genou, ce traitement complète l’arsenal thérapeutique, en vue de retarder la chirurgie de prothèse du genou.

 C’est une bonne  solution pour les patients fragiles ou sous anticoagulants
L’embolisation peut être une solution alternative pour les patients fragiles, âgés ou prenant de nombreux traitements médicamenteux, en particulier anticoagulants. En effet, chez ces patients, la chirurgie et l’anesthésie générale présentent un risque de morbidité non négligeable. L’embolisation permet de s’affranchir du risque de saignement lié au geste chirurgical tout en maintenant la prise des traitements anticoagulants.

L’aspect mini-invasif est caractérisé par des suites relativement bien tolérées. Ainsi, la plupart des embolisations sont réalisées en prise en charge ambulatoire : le ou la patiente rentre à domicile dans les heures qui suivent l’intervention. Pour les fibromes utérins et d’adénomyose, la prise en charge ambulatoire est désormais possible, grâce à des soins bi-quotidiens à domicile prescrits par l’opérateur et l’anesthésiste et assurés par une société d’infirmières spécialisées, délivrant le traitement antalgique adéquat. La convalescence n’excède pas 7 à 10 jours.
Une étude randomisée comparant l’embolisation à la chirurgie dans l’adénomyose est en cours, ses résultats devraient être publiés dans les prochains mois.
Des études randomisées comparant l’embolisation de fibromes et de prostate aux traitements chirurgicaux sont disponibles. Elles rapportent une efficacité quasi-identique et un taux plus bas de complications post-opératoires après embolisation.

 

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