Stats

Les articles de Caroline LHOMME

Après avoir travaillé une quinzaine d'années dans l'édition, Caroline LHOMME, une rupture d'anévrisme lui a fait découvrir le monde du handicap.Aujourd'hui, elle profite de cette expérience douloureuse mais finalement très riche pour écrire sur des sujets très variés.

Votre soutien permet à nos équipes d'actualiser au plus prés de l'actualité nos fiches d'information sur le droit du handicap, sur l'accessibilité de votre logement et participe à promouvoir à travers son concours d'architecture et de design la problématique des situations de handicap au niveau des étudiants.

Interview de Christian Grapin, Tremplin Handicap

0608_grapin_png.png

Christian Grapin, président de l'association Tremplin Handicap, qui, avec le concours des entreprises, accompagne et sécurise le parcours académique de jeunes en situation de handicap. L’association a lancé il y a peu une grande enquête sur enquête avec l’IFOP sur RSE, handicap, formation & emploi

1/ Pourquoi avoir lancé une enquête sur le vécu des jeunes en situation de handicap par rapport au travail ?

Depuis 30 ans l’association accompagne des collégiens, lycéens, étudiants et jeunes diplômés en situation de handicap. Depuis 30 ans nous constatons l’impact du handicap sur les choix d’orientation scolaire, l’élaboration des projets professionnels et l’accès l’emploi. Pour ce 30e anniversaire, nous avons voulu objectiver cet impact en questionnant les premiers concernés : à savoir les jeunes en situation de handicap. Quel était leur vécu, leur ressenti non seulement par rapport au travail, mais aussi, en amont par rapport à leurs parcours scolaires, leurs choix d’orientation académiques et professionnels. Pour différencier de ce qui résultait de leur situation de handicap où de leur âge, nous avons inscrit cette étude dans une logique d’enquête miroir pour comparer le vécu des jeunes en situation de handicap avec celui de l’ensemble de la population française âgée de 15 à 30 ans. Ce sont ces angles qui ont fait de cette étude, une étude inédite, la première de son genre. En nous appuyant sur l’IFOP nous avons fait appel à une méthodologie d’enquête reconnue et à un acteur connu pour sa connaissance du champ du handicap.

2/ Quelles grandes tendances se dégagent de cette enquête ?

Tout d’abord, cette enquête révèle les inégalités qui existent du fait du handicap entres les jeunes qui en sont touchés et ceux de la même classe d’âge. Ils sont davantage confrontés à des difficultés dans leur parcours d’étude, leurs démarches administratives, leurs relations amoureuses. Dans le cadre de leur orientation scolaire, ils sont beaucoup plus inquiets (50% contre 33%), sont plus soucieux de la localisation géographique de leurs études, et nous confirment que le critère de trouver une formation, un établissement adaptés à leur handicap est primordial (54%). Dans leur choix rentre également en compte la confiance qu’ils ont dans la réussite de leurs études : 34% en doute contre 18% pour les jeunes de leur âge. Quant à l’accès à l’emploi, la peur de ne pas réussir à trouver un emploi est la 2e crainte la plus citée (36%). Surtout, les craintes relatives à l’insertion professionnelle sont plus prégnantes qu’au sein de l’ensemble de la population étudiante (23%). Des différences importantes apparaissent pour la recherches de stage où les jeunes en situation de handicap sont davantage confrontés à des difficultés (62% contre 46% dans l’échantillon témoin). Les recherches d’emploi s’avèrent encore plus ardues et l’écart encore plus grand pour les jeunes concernés : 74% estiment qu’elles ont été difficiles contre 49% dans l’échantillon témoin. Quant aux recherches d’alternance, ce sont celles qui sont jugées le plus difficiles (77%) contre 63% dans la même classe d’âge. Les mesures incitatives de l’état et de l’Agefiph, ne porteraient-elles pas leurs fruits ?

3/ En quoi ses résultats pourront-ils aider à améliorer leur situation ?

Les résultats de cette étude montrent l’ampleur des progrès qui restent encore à accomplir pour garantir une bonne intégration des jeunes en situation de handicap tant dans leurs études que dans l’emploi. L’incompatibilité des conditions d’études avec le handicap constitue la 2e cause de réorientation pour les jeunes concernés. Quant à l’insertion professionnelle 87% des jeunes handicapés considèrent que leur handicap est leur principal obstacle. Ses résultats concrets permettent d’objectiver les inégalités qui existent dans le cadre de l’orientation scolaire et de l’accès à l’emploi entre jeunes en situation de handicap et ceux qui ne le sont pas. Il faut non seulement leur (re)donner confiance en eux, mais leur démontrer que ça ne sera pas en vain. Pour cela, plusieurs pistes d’amélioration existent, entre autres : • Créer les conditions de réussite pour les jeunes en situation de handicap, une condition sine qua non pour leur réussite professionnelle future. C’est dès le collège qu’il faut les accompagner pour les guider dans leur choix d’orientation, révéler leur plein potentiel et leur ouvrir le champ des possibles. Il faut qu’ils puissent lutter à armes égales dans la compétition scolaire actuelle qu’est devenue notre système éducatif. En veillant notamment à soutenir les jeunes en situation de handicap issus de familles défavorisées, souvent dépassées par les obstacles financiers et administratifs à surmonter pour permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études et d’y réussir. • Repenser le stage de 3e au service d’une plus grande projection des jeunes en situation de handicap dans le monde du travail, mais en amont dans le monde des études supérieures et des choix d’orientation. L’étude montre clairement que le stage de 3e n’est que pour 5% d’entre eux, un moyen utile pour préparer son avenir académique et professionnel. TREMPLIN Handicap, soutenue par l’académie de Versailles, a élaboré une toute nouvelle version originale de ce stage pour inspirer les collégiennes et collégiens en situation de handicap dans leur parcours d’orientation. Son objectif : le généraliser à toutes les académies. • Arrêter de céder à l’emprise de plus en plus grande du diplôme sur l’accès à l’emploi. Tout le monde ne sort pas premier de la compétition scolaire de plus en plus exacerbée. On le sait les jeunes en situation de handicap sont moins qualifiés, moins diplômés que les autres jeunes. Doivent-ils pour autant rester sur le bord de la route ? Sont-ils moins méritants ? Il est temps, pour les employeurs de définir une politique d’attraction des jeunes talents en situation de handicap qui ne cède pas à la dictature du diplôme et redéfinit au contraire les critères et méthodes de recrutement dans un objectif d’offrir une réelle égalité des chance. Mettons les employeurs autour d’une table.

Photos sont toutes au crédit de Cédric HELSLY,

Caroline lhomme

Suggestions: Voici des contenus traitant les même thèmes

Actualité