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Les articles de Caroline LHOMME

Après avoir travaillé une quinzaine d'années dans l'édition, Caroline LHOMME, une rupture d'anévrisme lui a fait découvrir le monde du handicap.Aujourd'hui, elle profite de cette expérience douloureuse mais finalement très riche pour écrire sur des sujets très variés.

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Rencontre avec Dominique Breard, actuel champion de l’émission télévisée Tout le monde veut prendre

La célèbre émission télévisée de Nagui rassemble quotidiennement à l’heure du repas, de nombreux téléspectateurs. Les champions se suivent et ne se ressemblent pas. Rencontre avec l’un d’eux, un avocat pénaliste non-voyant.   Vous êtes actuellement champion de l’émission Tout le monde veut prendre sa place sur France2, pourquoi avez-vous passé le casting? L’émission « tout le monde veut prendre sa place existe depuis juillet 2006 et je crois pouvoir dire que je la suis quasiment depuis sa création. J’ai tout de suite été attiré par son aspect à la fois culture générale et stratégie. L’aspect gain a également évidemment compté. C’est donc naturellement que j’ai passé le casting estimant que je pouvais avoir mes chances dans le jeu. La première fois, je n’ai pas été sélectionné, la seconde fois a été la bonne.    Ce n’est pas la première fois que vous participez à un jeu télévisé, pourquoi ces nombreuses participations? J’ai effectivement déjà participé à d’autres jeux TV : « 100% questions » en 1999 et « question pour un champion » en 2009. Je ne me considère cependant pas comme un fou de jeux TV. Je participe simplement à ceux qui m’intéressent et d’ailleurs, en l’état actuel des choses je ne me vois pas participer à un autre jeu existant. Je pense avoir fait le tour de la question. Comment l’émission s’est-elle adaptée à votre handicap?Je ne crois pas que ma participation ait nécessité trop d’adaptations à mon handicap. Je ne suis d’ailleurs pas le premier aveugle à avoir participé. La seule adaptation que j’ai pu remarquer est que les thèmes de la finale sont lus à voix haute par Nagui. Pour le reste, soit vous savez taper comme moi sur un clavier AZERTY et tout va bien, soit vous ne le savez pas et Nagui vous propose alors de donner votre réponse à voix haute après que les autres candidats auront joué.Qu’envisagez-vous de faire avec vos gains? A vrai dire, je n’ai pas fait de plan dans la mesure où je ne m’attendais pas à une telle réussite. Il est certain que j’investirai une partie de ces gains dans un apport pour une maison, on verra bien s’il reste quelque-chose après. Quelles relations entretenez-vous avec les autres candidats? Avec la production? Avec Nagui? Mes relations avec les autres candidats son excellentes. Ils sont tous très gentils avec moi et je mesure l’importance qu’ils ont pour moi dans le jeu. Chaque candidat qui passe, qu’il soit ou non mon challenger me fait prendre conscience de la chance que j’ai de si bien figurer dans le jeu. S’agissant de la production, ils sont tout bonnement adorables. Ils mettent tout en œuvre pour que je me sente bien dans le jeu et on peut dire qu’ils y réussissent. Nagui me bluffe par sa capacité à n’en faire ni trop ni pas assez par rapport à mon handicap. J’ai le sentiment qu’il a une grande sensibilité qui explique à la fois son humour et son professionnalisme. Pour le reste, nous avons des centres d’intérêt communs comme la musique, le monde de la radio et des médias ou encore la gastronomie qui rendent nos échanges très sympathiques. Aimeriez-vous animez une émission télévisée? La vérité, c’est que, depuis ma plus tendre enfance, j’ai l’envie d’être animateur à la radio ou à la télé. Pour tout un tas de raisons, je suis allé vers une autre voix professionnelle. Toutefois, j’estime qu’il n’est pas trop tard et, si l’occasion se présente pour moi d’animer en radio ou en télé, je n’hésiterai pas à tenter l’aventure, et si l’occasion ne se présente pas, je la provoquerai !Souhaitez-vous participer à d’autres émissions?Comme je l’ai dit, je pense avoir fait le tour de la question des jeux télé. Après, comme je l’ai dit aussi, le monde des médias m’intéresse et j’aimerais bien entendu participer à d’autres émissions et si c’est en qualité de chroniqueur ou d’animateur c’est encore mieux !Quelles sont les répercussions de vos victoires sur votre vie quotidienne?Cela me vaut une petite notoriété à laquelle je ne m’attendais pas. On me reconnaît, on m’arrête dans la rue, on m’adresse des courriers ou des courriels. Je ne sais pas si cela mérite un tel engouement mais je ne boude pas mon plaisir de répondre à tous ces gens si gentils et si positifs face à ma prestation.Vous êtes avocat de profession, votre handicap vous a-t’il pénalisé dans votre profession?C’est malheureusement évident. Quand j’ai débuté en 1996, le stage était obligatoire de sorte que nous étions obligés de trouver une collaboration dans une structure déjà existante. Mon CV m’a valu beaucoup d’entretiens mais aucun n’ont débouché sur une embauche : il ne faut pas aller chercher la raison bien loin. Attention ! Je ne dis pas qu’on devait m’embaucher juste parce que j’étais aveugle. Je dis juste que, à CV équivalent, je n’étais jamais choisi. J’ai donc à quelques exceptions près dû exercer tout seul en faisant appel à des stagiaires pour la lecture des dossiers que je devais plaider. L’exercice professionnel en soi n’est pas gênant c’est juste que l’environnement n’est pas adapté et que la concurrence féroce qui frappe notre profession n’est pas réellement compatible avec la cécité. Je ne me reconnaîtrai jamais le droit de décourager un jeune aveugle qui voudrait devenir avocat ne serait-ce que parce que je ne suis pas l’alpha et l’oméga de la cécité. Je me permettrai néanmoins de lui conseiller la prudence car tout le monde n’aura pas la chance d’avoir eu comme moi un entourage pour le soutenir.Comment considérez-vous l’intégration des personnes handicapées dans la société? Et au niveau professionnel?Le modèle français ne me paraît pas un bon modèle d’intégration car il est fondé quasi-exclusivement sur l’indemnisation. Ce n’est sans doute pas une démarche volontaire mais on en arrive à un résultat où on indemnise les handicapés pour palier le fait que les entreprise ont un mal fou à les employer. Elle préfère payer une somme d’argent pour ne pas avoir à le faire. Dès lors, l’autre dommage est que les gens qui ne connaissent pas les handicapés tiennent à leur sujet des propos maladroits et expriment une peur de l’inconnu. S’il y avait plus d’handicapés dans le monde du travail, on approcherait de ce qui me paraît indispensable : la banalisation.Quelles sont vos idées pour améliorer cette intégration?Je pense qu’il faudrait tendre vers la transformation d’une bonne partie du dispositif indemnitaire des handicapés en une espèce de RSA pour les handicapés qui conditionnerait une indemnité à la recherche d’un emploi. Qu’on me comprenne bien. Pour en arriver à un tel dispositif, la balle n’est pas dans le camp des handicapés mais dans celui des pouvoirs publics et surtout du monde de l’entreprise. Il faudrait parvenir à supprimer ce choix entre embauche d’un handicapé ou paiement d’une somme d’argent ou alors augmenter le montant de cette somme afin de la rendre dissuasive. Tant que les entreprises n’accepteront pas de jouer le jeu de l’embauche des handicapés, il faudra maintenir le système en l’état. Le problème, c’est que je crois savoir que, même avec l’indemnisation, certains handicapés atteignent le seuil de pauvreté. Il faut donc de toute urgence leur permettre de travailler. Cela implique également un changement dans les mentalités, une meilleure connaissance par la population du handicap et des handicapés. Cela mériterait un débat national qui serait autrement plus utile que celui qu’on a cru devoir organiser cette année sur l’identité française.    Propos recueillis par Johanna Amselem 20/09/2010

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