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Les articles de Caroline LHOMME

Après avoir travaillé une quinzaine d'années dans l'édition, Caroline LHOMME, une rupture d'anévrisme lui a fait découvrir le monde du handicap.Aujourd'hui, elle profite de cette expérience douloureuse mais finalement très riche pour écrire sur des sujets très variés.

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Interview de Laetitia Castillan, à propos de la sexualité des personnes déficientes visuelles

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Mes Mains en Or est une maison d’édition spécialisée en livres en gros caractères pour les personnes déficientes visuelles. Curieuse de son lectorat, elle vient de réaliser une grande enquête sur sa sexualité, quiest actuellement au cœur des préoccupations sociétales. Si de nombreux ouvrages, films, séries, podcasts sont aujourd’hui disponibles, qu’en est-il de leur accessibilité pour les jeunes présentant une déficience visuelle ? Mes Mains en or s’estemparé du sujet afin de réduire les inégalités en matière d’accès aux contenus relatifs à la sexualité et à la vie affective. Cette enquête a été lancée auprès des professionnels de la déficience visuelle et auprès des personnes aveugles ou malvoyantes. À travers un questionnaire comprenant une quarantaine d'items relatifs à la vie affective, 4 thématiques ont été abordées : • L'éducation à la sexualité (reçue ou donnée) • L'accessibilité des contenus • Les difficultés rencontrées par les personnes présentant une déficience visuelle • Les violences sexuelles Preuve de l'importance du sujet, 130 professionnels de la déficience visuelle et 90 adultes présentant une déficience visuelle ont apporté une réponse exploitable. Rencontre avec Laetitia Castillan, psychologue, co-auteur de cette enquête : Qu’est ce qui a motivé la réalisation de cette enquête ? Cette enquête s’inscrit dans le projet de recherche « Éduquer pour protéger ! L’éducation à la sexualité pour les jeunes présentant une déficience visuelle ». Ce projet de recherche appliquée a pour objectif la conception d’outils et contenus d’éducation à la sexualité pour les jeunes présentant une déficience visuelle. Il vise également la création d’outils et formations à destination des professionnels du médico-social. Avant de démarrer la phase de conception des outils et contenus, il était nécessaire d’obtenir des données descriptives concernant l’accompagnement que les jeunes reçoivent sur la thématique de la sexualité et de la vie affective. Nous souhaitions également évaluer les écarts entre le contexte législatif et la réalité de terrain.

1) Quelles sont les conclusions de votre enquête ?
Cette enquête se divise en deux questionnaires : l’un à destination des professionnels des Établissement et Services Médico-Sociaux (ESMS), l’autre à destination des adultes présentant une déficience visuelle. L’enquête à destination des professionnels de la déficience visuelle exerçant au sein d’un ESMS a permis de mettre en évidence :

  1. Une prise en charge institutionnelle mal définie et hétérogène.
  2. Des professionnels volontaires qui évoquent des besoins de formation et de matériels adaptés ;
  3. Une prise en compte des spécificités de la déficience visuelle indispensable dans l’éducation à la sexualité et la vie affective ;
  4. Une place des familles qui doit être définie.

L’enquête à destination des adultes déficients visuels a, quant à elle, mis en lumière les points suivants :

  1. Une inégalité et une hétérogénéité dans les accompagnements à la vie sexuelle et affective reçus ;
  2. Une volonté d’inclusion mais un besoin d’accompagnement spécialisé ;
  3. Des difficultés d’accès aux contenus et interventions d’éducation à la sexualité ;
  4. Une plus grande vulnérabilité des personnes déficientes visuelles vis à vis des violences sexuelles.

2) Comment peut-on éduquer les jeunes déficients visuels sur le sujet ?
Nous proposons deux axes de travail, qui nous paraissent être des leviers, en vue d’améliorer l’éducation à la sexualité et à la vie affective à destination des jeunes présentant une déficience visuelle.

Le premier axe concerne le médico-social. Les ESMS disposent d’une expertise sur la déficience visuelle que ne peuvent offrirles établissements scolaires. En accord avec la législation, les ESMS doivent se saisir des questions relatives à la sexualité et à la vie affective. Cette thématique devrait êtrementionnée dans chaque projet d’établissement ainsi que sa matérialisationconcrète sur le terrain.

Le second axe concerne la création d’outils adaptés : livres, objets tactiles, podcasts.

Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de livres traitant des questions d’éducation à la sexualité et à la vie affective pour les jeunes voyants n’a pas de répercussion sur l’accès à ces contenus pour les jeunes présentant une déficience visuelle. Or, l’accès à ces ressources est essentiel pour une éducation à la sexualité permettant le développement d’une vie sexuelle et affective épanouie. Cela constitue également un levier pour lutter contre les violences sexuelles et aborder les notions de consentement. L’omniprésence des contenus imagés semble gêner voire empêcher leurs adaptations. Il est important de réduire cette inégalité en matière d’accès aux connaissances relatives à la sexualité et à la vie affective, notamment en mettant des ouvrages adaptésà disposition des jeunes présentant une déficience visuelle. Conscient des difficultés que les jeunes présentant une déficience visuelle et les professionnels des ESMS rencontrent, le projet « Éduquer pour protéger !

L’éducation à la sexualité pour les jeunes présentant une déficience visuelle » se propose d’œuvrer en faveur de la réduction des inégalités par la création de contenus et outils adaptés.

Caroline lhomme

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