La 3ème édition du sommet citoyen organisé par le G500 citoyen, collectif d’associations, a eu lieu à Lille du 12 au 15 juin. A cette occasion, rencontre avec Aurélie Gros, maire du Coudray-Montceaux et conseillère régionale Île-de-France.
1/ Quel est aujourd’hui le bilan de la loi Chirac en faveur des personnes en situation de handicap ?
Le bilan est contrasté. On ne peut nier les avancées majeures de cette loi fondatrice : la reconnaissance du droit à compensation, l’instauration des MDPH, ou encore les principes d’accessibilité généralisée. Ces acquis ont structuré l’action publique et ont permis à de nombreuses personnes en situation de handicap de bénéficier de droits nouveaux.
Mais force est de constater qu’au quotidien, les difficultés persistent. Les démarches restent lourdes, les délais de traitement des dossiers sont souvent indignes, et surtout, les inégalités territoriales sont criantes. L’accompagnement des personnes et des familles manque encore trop souvent d’humanité et d’efficacité. Bref, la loi a posé des bases solides, mais elle n’a pas permis de franchir ce cap vers une inclusion vertueuse.
2/ Existe-t-il encore des freins à ce niveau au sein de la population française ? Lesquels ?
Oui, et ils sont multiples. Le premier est culturel : malgré des progrès dans les représentations, le handicap est encore souvent réduit à des clichés. Dans les médias, on valorise surtout le dépassement de soi à travers le sport, mais on invisibilise les réalités ordinaires du handicap au travail, à l’école, dans l’espace public.
Ensuite, il y a des freins techniques et structurels. Le numérique, par exemple, reste un immense champ d’exclusion. Plus de 250 sites publics ne sont toujours pas accessibles. L’accessibilité physique est également incomplète, et certains services essentiels restent difficiles d’accès, surtout en zones rurales.
Enfin, la complexité administrative reste un vrai mur. Pour les familles, devoir renouveler des dossiers pour des handicaps irréversibles est une épreuve injustifiable. Il est temps de passer à une logique de confiance et de simplification.
3/ A quelles nouvelles avancées peut-on s’attendre dans les années à venir ?
Nous avons co-construit avec de nombreux experts, élus et associations, lors de l’étape du G500-Sommet Citoyen Handicap, le 11 février dernier à l’INJA, des propositions fortes. D’abord, sur le plan institutionnel, nous appelons à inscrire l’inclusion dans l’article 1er de notre Constitution. C’est un signal politique fort. Nous demandons aussi que l’État prenne en main la gestion des aides, pour garantir l’égalité réelle sur tout le territoire.
Sur le plan social, les propositions visent à mieux reconnaître les acteurs de terrain : revalorisation des AESH, soutien accru aux aidants, suppression des renouvellements pour les handicaps irréversibles.
Sur le plan technologique, nous appelons à rendre tous les sites publics accessibles, à encourager l’innovation inclusive et à instaurer un prix unique du livre en braille notamment.
Enfin, il est urgent de transformer les mentalités. Cela passera par des campagnes nationales plus ciblées et régulières, des actions dans les entreprises pour mieux former les managers au handicap mais aussi en donnant la parole et la place aux personnes concernées.
Bref, ce que nous voulons, c’est un passage de l’intention à l’action, du discours à l’impact concret sur la vie quotidienne.
C’est ce que nous porterons lors du Sommet Citoyen les 12, 13 et 14 juin prochains à Lille lors d’une table des négociations Handicap le 13 juin à 14h30 en proposant un temps fort pour débattre, proposer, et co-construire une société plus inclusive. Nous souhaitons que la France rattrape son retard en matière d’inclusion et devienne un modèle.
En amont de cette table nous invitons tous les citoyens à voter pour les résolutions issues de l’étape du 11 février : https://ideal-citoyens.fr/vote-resolutions-handicap/
Et, pour ceux qui le peuvent, à participer au sommet :https://www.helloasso.com/associations/ideal-citoyens/evenements/inscription-sommet-citoyen-g500